Parce que la vie n'est pas toujours aussi facile qu'on pourrait le croire... [LIBRE]

Athénaïs & ?« Parce que la vie n'est pas toujours aussi facile qu'on pourrait le croire... »

C'était le matin, il devait être à peine dix heures et je n'arrivais plus à dormir. Jacob, mon fidèle époux était partit pour je ne sais quelle affaire concernant notre argent et je me retrouvais -une fois de plus- seule à la maison. J'avais passé quelques heures sur l'ordinateur du salon, un pc de gamer comme on dit, c'était mon mari qui s'était chargé de le monter. Il avait passé des heures et des heures à trouver les bonnes pièces sur internet, les avaient commandées et une fois reçues, il les avaient montées ensemble ce qui donnait un ordinateur plutôt pas mal, je l'accorde.
J'avais ensuite décidé de m'habiller, j'avais beau être enceinte et fatiguée, je ne pouvais pas rester en place surtout depuis que j'étais de retour dans ma ville de naissance. Je voulais absolument voir ma mère, mon père et surtout ma sœur, que j'avais à peine connue puisqu'elle était plutôt jeune quand je suis partie. Mais j'avais peur des représailles, je ne voulais pas qu'ils m'en veuille pour ce que j'avais fait mais à mon avis, de ce point là, je ne pourrais rien changer.
Après m'être habillée -plutôt large, cela va de soit- je me suis rendue à mon rendez-vous à la maternité pour faire mes premières échographies, j'avais tellement hâte de savoir s'il s'agissait d'un petit garçon ou d'une fille mais le moment n'était pas encore arrivé. Tout se passa relativement bien. En regagnant la sortie de l'hôpital, une idée me vint, aller me promener dans Mystic Falls, la ville que je n'avais jamais pu visiter durant mon enfance et mon adolescence.

Mystic Falls était vraiment une jolie ville, très chaleureuse et harmonieuse, une ville que j'aurai aimé connaître en étant enfant. Les maisons étaient jolies, certaines étaient plutôt vieilles alors que d'autres d'un style beaucoup plus moderne. Je me rendais compte que les vieilles maisons me plaisaient tout autant que les modernes, du moins celles de Mystic Falls. Je songeais presque à m'y installer définitivement mais je savais qu'il faudrait convaincre Jacob, ce qui n'allait pas être facile.
Je tournais alors dans une des petites ruelles et arrivait dans un cul de sac, je m'arrêtais et m'asseyais sur le sol. Je ne me sentais pas bien, une forte envie de vomir me prit, j'aurai tellement aimé que Jacob soit là à ce moment là mais ce ne fut pas le cas. Je plaçais ma tête contre le mur qui était sur le côté et fermais les yeux quelques instants.

J`avoue avoir un peu trop bu hier soir. Ça m`arrivait de plus en plus souvent ses derniers temps. Mais bon, qu`est-ce que je pouvais y faire au juste? J`adorais ça et je donnais toujours un bon spectacle quand j`étais complètement saoul. Le plus dur c`était le réveil du lendemain. J`avais totalement oublié ce que j`avais fait hier soir. Seule trace de ce qui me rattachait à cette nuit bien arrosé, mes vêtements qui étaient encore humide d`alcool. Je me suis jeter en bas du lit comme l`idée de me mettre à l`horizontale, bref de me lever, m`étais insupportable. Je me glissai tel un serpent vers la cuisine et je ne l`atteignis pas avant une demi-heure. Je sentais le besoin de prendre souvent des pauses et quand j`atteignis la céramique blanche du plancher j`y déposai ma tête et me rendormis là.

À mon réveil, je me sentais déjà beaucoup mieux. C`est fou ce que la fraîcheur d`un plancher de cuisine peut faire! Je pris une douche, comme les différents parfums d`alcool me collait à la peau. Puis, en prenant mon temps, je pris une chemise et un jean au hasard dans ma chambre et les enfilaient avec une lenteur exagérée. Une fois le tout fait, je partis à la recherche de deux bas semblable. Dix minutes plus tard, je me retrouvais de nouveau dans la cuisine à regarder l`horloge. L`heure était assez avancé, ce n`étais pas très étonnant vue la paresse que j`avais démontré depuis que je m`étais lancé en bas du lit. Je réfléchis un long moment à ce que je devais faire aujourd`hui. J`ouvris la porte du réfrigérateur tout en fronçant les sourcils devant mon incapacité à savoir ce qui m`attendait en cette belle journée ennuyeuse. Dédaignant la nourriture, je couru, enfin plutôt comme une tortue pourrait courir, vers ma porte d`entrée. Avant d`enfiler mes chaussures salies, je les regardais intensément en leur ordonnant mentalement de ne pas démontrer de résistance. Cinq minutes et deux chutes plus tard, je sortis enfin de mon appartement sans vraiment savoir ce que j`allais faire, je commençais à marcher dans les rues de la ville.

La lumière me fit d`abord un choque et mes pauvres yeux durent lutter férocement pour parvenir à s`adapter à ce soleil de midi. Comme je marchais un peu de manière aléatoire, pour ne pas dire en chancelant d`un côté et de l`autre, je longeais les murs des édifices que je rencontrais. Je fis deux fois le tour de mon quartier avant de finalement me décider à traverser la rue, lorsque mes jambes molles eurent retrouvé un minimum de force. Je ne m`attardais pas vraiment aux gens que je croisais, mais je crus en reconnaître un. Je le suivis alors de la tête et quand je me rendis compte que je ne l`avais jamais vue de ma vie, il était trop tard. Mes pieds avaient dévié vers la droite et je ne tardais pas à me retrouver dans un mur. Je regardais aux alentours. J`étais dans une minuscule ruelle assez sombre, ce qui me surpris au départ. En explorant plus en profondeur la ruelle, une personne assise par terre attira mon attention. Elle semblait mal en point. Je la regardais de longues minutes sans me décoller du mur puis au moment de recommencer à marcher, je trébuchai et utilisa mes paumes pour amortir la chute. J`ignorais si j`avais attiré l`attention de la jeune femme avec mon semi cri de surprise, mais je ne l`avais pas lâché du regard. Comme je croyais qu`elle ne réagissait pas, je me relevai et me dirigeai rapidement vers elle, puis je m`assis tout près en me cognant la tête au passage. Je lui dis, comme si on se connaissait depuis toujours :

-J`aimerais bien pouvoir t`aider, mais comme je ne sais pas ce que tu as, ça va être difficile.

Je lui souris, ce qui me faisait paraître humain pour une fois. Je sentais qu`elle allait vraiment mal, alors j`y allait avec « douceur ». Je commençais à tranquillement l`examiner et mes yeux s`arrêtèrent sur son ventre légèrement gonflé. Je me figeai alors. Comme si je venais de comprendre que la terre tourne dans le sens opposé du mien, ce qui est en passant la découverte la plus importante qui soit, je mis une main amicale sur son épaule tout en la regardant avec… presque avec inquiétude! Oh non, Elizabeth, sort de ce corps! Non, mais j`étais réellement inquiet, c`est ça qui est le pire dans cette histoire!

J'avais fermé les yeux un instant, un seul instant et pourtant en les ouvrant quelques minutes plus tard je me rendais compte que "cet instant" avait duré beaucoup plus longtemps que prévu. Un homme se trouvait devant moi, il avait une taille raisonnable, du moins c'est ce que je pouvais penser étant encore assise sur le sol adossée au mur. Il s'approcha de moi rapidement et me dit avec un sourire sur les lèvres qu'il aurait bien aimé m'aider mais que sans en savoir la cause cela allait être difficile. Logique comme raisonnement. Je pu alors remarquer que ses yeux se posèrent sur mon ventre rond, là il avait compris. Je lui souris légèrement tout en tentant de me relever.

« Vous n'allez pas pouvoir faire grand-chose à mon avis. » dis-je avec un sourire sur les lèvres.

J'allais légèrement mieux, le fait d'être restée par terre quelques minutes et d'avoir peut-être même dormi m'avait ôté mon malaise, ou du moins quelque peu. C'est dans des moments pareils que je me disais que j'aurai aimé aller à la maternité avec Jacob, mais bon, les affaires c'est les affaires et il ne pouvait pas se permettre de les envoyer paitre. Je fis quelques pas en direction de la sortie de la ruelle et me retournais vers l'homme qui m'avait tiré de mon "sommeil" quelques secondes plus tôt.

« Je m'appelle Athénaïs. Vous vivez depuis longtemps à Mystic Falls ?» demandais-je. « Du moins si ce n'est pas indiscret. »

D'habitude ce n'était pas trop mon genre de poser ces questions mais ce jour-là, je me rendais compte que cette ville me plaisait, que je désirais y rester et tout recommencer, tout depuis le début, tout ce que j'avais toujours voulu depuis ma tendre enfance. Je voulais que mon enfant vive une vie saine, pas enfermé comme je l'avais été étant gamine, je désirais qu'il soit heureux et épanouie avec un travail, une famille et pas de malédiction sur les bras.
Passant une main dans la poche de mon jean, je me rendais compte avec appréhension que je n'avais pas pris le temps de récupérer mon portable avant de sortir de chez moi. Hésitant un instant je demandais :

« Cela vous embêterait de me prêter votre portable, si vous en avez un bien sûr. Pour que je puisse appeler mon mari, il doit s'inquiéter.»

Je savais que je lui demandais peut-être un peu trop mais il fallait absolument que je joigne Jacob, pour lui dire que j'allai bien mais surtout pour qu'il puisse venir me chercher car je savais à cet instant, que je n'étais pas capable de rentrer à pieds, j'étais allée beaucoup trop loin, mais le pire c'est que je ne connaissais pas Mystic Falls -du moins pas assez pour rentrer chez moi-.

J`étais surpris qu`elle aille aussi bien soudainement. Je voulu l`aider à se relever mais comme elle semblait tout à fait capable de le faire par elle-même, je l`a laissa faire comme une grande. Je la regardai, en silence, pendant qu`elle marchait lentement dans la ruelle. Pourquoi avais-je cette étrange impression qu`elle me mentait. Il est vrai que je ne suis pas la personne la plus digne de confiance sur cette terre, loin de là même, mais si elle faisait semblant de mieux se sentir pour que je la laisse tranquille… Non, ça ne me dérangeait pas à vrai dire. En faite, oui. Ou peut-être? Je me relevai instinctivement et m`approchai d`elle pour me retrouver derrière la jeune femme. Je la regardai, ou plutôt je regardai de manière obcessive son dos, près à agir en superman et à l`attraper si jamais elle ne perdrait connaissance. Elle se retourna alors vers moi et se présenta, me demandant même si j`étais à Mystic Falls depuis longtemps. Suis-je en train de devenir encore plus parano ou elle vient vraiment de faire comme si de rien n`étais. Elle devait se rendre compte de mon état car elle commença à chercher quelque chose dans sa poche avant de me demander si j`avais un portable. Encore une fois, je la regardais avec mes yeux de perdu à tendance psychotique. Mon cerveau finit par envoyer un ordre à mes mains et je commençais à fouiller moi aussi mes poches, cherchant mon portable. Je profitai de ce moment plus ou moins gênant où j`étais connecté à la réalité pour lui dire :

-Moi c`est Jamie et j`habite ici depuis presque 8 ans.

Après avoir testé toute mes poches, je regardais mon jean et me souvins que mon portable était dans mon autre paire de pantalon. Génial, elle allait me prendre pour un amnésique en plus. Ce qui était faux, enfin, sauf lorsqu`il s`agit de retenir des dates, des noms, des adresses, des numéros de téléphone, de compter mentalement et surtout, de me souvenir de la veille alors que j`avais légèrement trop bu. Au lieu de lui répondre bêtement la vérité, je sortis de la ruelle et cherchait une cabine téléphonique du regard. Aucune n`était dans les parages. Mais c`était quoi cette ville! Même pas capable de mettre des téléphones à chaque coin de rue! Je retournai auprès d`Athéna… d`Athéniani… de la fille et lui souris, en parfait maître de la situation que je suis. Je lui dis, calmement :

-Il y a des restos pas très loin d`ici, on peut toujours si rendre pour voir s`ils n`ont pas un téléphone… Je suis sûr et certain qu`ils en n`ont.

Je lui pris la main et m`imaginais mentalement la tirer au pas de course vers le restaurant le plus proche, mais comme elle était enceinte, ne se sentait pas bien, n`avais que moi alors que j`étais encore un peu saoul et surtout parce qu`elle était enceinte, je me retins de le faire. Je la tirai plutôt doucement pour l`inciter à me suivre et pour la rassurer en même temps. Elle devait avoir peur après tout, non? Si j`étais à sa place, ce qui est peu probable étant donné que je suis un homme et que je ne serais jamais enceinte, enfin j`espère, je paniquerai un peu aussi, juste un tout petit peu.

Je ne voulais pas que l'on s'occupe de moi, que l'on s'inquiète pour moi, tout ce que je pouvais désirer en cet instant c'était retrouver Jacob et lui affirmer maintes et maintes fois que j'allais bien. Oui il était du genre à s'inquiéter pour un rien, surtout depuis qu'il savait que j'étais enceinte, il avait peur que je perde le bébé, que je nous fasse du mal, que je fasse n'importe quoi. Pourtant je n'étais pas ainsi, enfin peut-être un peu, et peut-être même que ce que je venais de faire était encore un signe de mon incompétence face au devoir qu'une mère doit avoir. Passant une main sur mon ventre je me rendais compte que je n'allais pas aussi bien que je prétendais l'être mais que voulez-vous, je n'ai jamais eue besoin de quelqu'un dans ma vie pour vivre paisiblement. Je souris une nouvelle fois à l'inconnu qui était avec moi lorsqu'il se présenta sous le nom de Jamie et qu'il vivait depuis presque huit ans à Mystic Falls.

« Oh, vous devez bien connaître la ville alors. Moi-même je suis née ici, sur la colline, vous devez savoir comment c'est là-bas. A mes dix-sept ans je suis partie au Canada. Je viens juste de rentrer et j'avoue que je suis un peu perdue. » dis-je en rigolant légèrement.

Oui c'est vrai, j'étais perdue. Je ne savais même pas par où j'étais arrivée. Quel sens de l'orientation pour une lycanthrope me direz-vous, mais j'étais complètement différente depuis ma grossesse. Je n'arrivais plus à me repérer mais surtout une peur grandissait en moi, comment allais-je pouvoir gérer ma prochaine transformation pendant la pleine lune ? N'allais-je pas perdre le bébé avec cela ? Il me fallait des réponses et c'est surtout pour cela que j'étais rentrée.
Après lui avoir demandé s'il n'avait pas un portable sur lui et après avoir cherché quelques instants, il me dit qu'il y avait des restaurants pas très loin de là où nous nous trouvions et que nous pouvions nous y rendre pour voir s'ils n'avaient pas un téléphone. Il était certain qu'ils en auraient.

« D'accord. J'espère que vous avez raison parce que je me vois mal faire tous les restaurants du coin à la recherche d'un téléphone. » dis-je en rigolant.

Je l`écoutais d`une oreille distraite. J`avais l`impression d`être dans une course super importante et que le signal de départ avait été donné mais que je ne pouvais pas avancer parce que ma « coéquipière » ne voulait pas se lancer. Pourquoi étais-je aussi pressé et surtout aussi stressé en ce moment? Juste à penser à l`idée que peut-être la jeune femme était en train de perdre son bébé, cela me rendait… bref, j`aurais pu m`arracher les cheveux en la voyant ainsi. Pourquoi au juste? Comment cela se fait-il que moi, égocentrique et légèrement narcissique, donc égoïste à mort, je me souciais de son sort? Est-ce l`alcool qui me rendait si serviable et presque gentil. Si j`avais su que ça allait m`arriver aujourd`hui, je serais resté coucher! Non, sérieusement, j`étais vraiment en train de me ramollir ces derniers temps. Toutes les personnes que je croisais finissais inévitablement par me rendre obéissant, en bon golden retriever que j`aurais pu être si j`avais été un chien! Ça y est, j`étais énervé à présent…

Aussitôt qu`Athénaïs, me donna son accord pour qu`on parte à la chasse aux téléphones, je commençais à avancer sans même lui dire un mot. Elle ne semblait pas vraiment vouloir m`arrêter dans ma lancer et s`était tant mieux parce que je n`étais pas d`humeur à ça. Je marchais en avant, quoique un peu plus lentement qu`a mon habitude pour éviter de lui incommoder. Je regardai souvent dans sa direction, pour ne pas la perdre de vue, juste au cas où elle tomberait sans que je ne l`entende. Bref, on aurait pu me comparer à ce genre de père-poule qui surveillait ses enfants de manière compulsive. Je ne savais pas comment agir autrement, alors où étais le problème. Lorsque l`on arriva au premier restaurant, quelques minutes après avoir quitté la ruelle, j`entrai le premier. Je ne regardais même pas s`il y avait des gens ni même à quoi pouvait bien ressembler ce restaurant. J`étais concentrer sur ma mission : trouver un téléphone! Lorsque j`aperçu le comptoir, je mis dirigeais sans détour. La serveuse qui était là semblait surprise de me voir ainsi venir la voir. Je me retournais pour voir si Athénaïs allait toujours bien et fut soulager de la voir derrière moi, aussi intact qu`a mon dernier coup d`oeil. Je regardais la femme du restaurant tout en conservant un ton calme :

-Avez-vous un téléphone à nous prêter? Mon amie ne se sent pas très bien et elle aimerait appeler son mari.

Je n`insistai pas trop pour ne pas que la dame soit porter à vouloir appeler une ambulance. Seulement, la légère trace de panique dans ma voix l`incita à nous demander de la suivre. Elle nous conduit aux cuisines et nous indiqua un téléphone qui était accroché au mur. Elle nous laissa seule en nous précisant de ne pas trop le monopoliser longtemps car s`était le téléphone des livraisons. Je regardais ainsi la jeune femme enceinte composer un numéro, puis attendre une réponse. Je ne lui avais pas dit un mot depuis que nous avions quitté la ruelle pour venir jusqu`ici. Je finis par être distrait par les quelques cuisiniers qui tentaient de travailler tout en gardant un œil déplaisant sur nous. Je ne les regardais pas très longtemps puisque je surveillais les gestes d`Athénaïs. J`étais toujours en mode superman, alors je devais garder mon attention sur elle pour pouvoir intervenir en cas de changement de situation brusque. Je me surpris à me mettre à penser aux conséquences si jamais la jeune mariée n`étais pas tombé sur une personne aussi folle que moi. C`est probablement ma folie qui m`a poussé à lui venir en aide et non pas un quelconque sentiment de générosité refoulé. Tel une maman ours surveillant ses oursons jouer dans l`eau clair d`une rivière, je surveillais Athénaïs qui était toujours au téléphone.

Je ne savais pas trop comment réagir vis à vis de ce parfait inconnu. Il me mettait plutôt mal à l'aise et grâce à mon don je me rendais compte que c'était plutôt réciproque. Mais qu'est-ce qui aurait pu en moi, le rendre aussi stressé ? Lorsque je lui donnais mon accord pour aller trouver un téléphone dans un restaurant voisin, il se mit à avancer, relativement vite mais assez pour que je puisse le suivre assez aisément. Sur le chemin, nous ne parlâmes pas, toutefois il tournait la tête de temps en temps afin d'être sûr que je sois toujours là, du moins c'est ce que je pensais.
Tandis que nous marchions, je pouvais admirer Mystic Falls, la ville dans laquelle j'étais née d'une certaine manière, mais dans laquelle je n'avais jamais pu me promener aussi librement qu'aujourd'hui. Il faisait plutôt chaud, je dirais dans les vingt degrés. Le printemps montrait le bout de son nez à mon plus grand regret. En effet, je déteste le printemps et l'été, mon truc à moi c'est l'hiver. Quel bonheur de pouvoir se transformer à la pleine lune et de courir dans la neige mais ça peu de monde pouvait comprendre.

Après quelques mètres nous arrivâmes enfin dans un restaurant. Jamie n'hésita pas et alla voir la serveuse qui se trouvait au comptoir. Il lui demanda si elle n'avait pas un téléphone à nous prêter afin que je puisse appeler Jacob. Elle accepta mais précisa qu'il ne fallait pas l'utiliser trop longtemps car il s'agissait du téléphone des livraisons. Je hochais la tête et composais le numéro de portable de Jacob, espérant qu'il ne l'ai pas éteint pour sa réunion. Mais bien vite je tombais sur le répondeur :

« Jacob c'est Athénaïs. Je ne suis pas très bien et j'aurai aimé que tu viennes me chercher. Mais bon tant pis je vais me débrouiller. J'ai oublié mon portable donc ça ne sert à rien que tu essayes de me rappeler. On se voit ce soir dans ce cas là... Je t'aime. »

J'étais légèrement déçu et j'avais embêté Jamie pour rien. Dans ce cas là il faudrait que j'essaye de rentrer à pieds. Après avoir raccroché je me retournais vers lui et lui demandais s'il connaissait Lindenwood et si c'était loin de là où nous étions car aucun doutes je devais rentrer à pieds peu importe le temps que cela prendrait. Après tout, je n'allais pas perdre mon bébé, il s'agissait seulement de petits malaises de grossesse.

Je ne pus m`empêcher d`entendre ce qu`elle disait à son mari. C`était plus fort que moi, je devais savoir s`il allait venir l`aider. Dans ma tête, elle était mourante, alors il se devait de venir pour elle! Seulement, lorsqu`elle tomba sur son répondeur et que je sentis que le ton de sa voix était celui de la déception, je l`accompagnai dans cette émotion. Que voulait-elle faire à présent? Je voyais bien qu`elle se sentait beaucoup mieux que lorsque je l`avais trouvé dans cette ruelle, mais la laisser toute seule était pour moi impensable. Je soupirai devant cette penser qui ne me ressemblais pas du tout. Décidément, mon mode superman n`allait se terminer que lorsque la jeune future maman allait être chez elle. D`ailleurs, je fus un peu surpris par sa demande. Elle voulait savoir si je connaissais Lindenwood. J`y réfléchit un petit moment en m`adossant au même mur où se trouvait le téléphone. Je lui répondis presque aussitôt :

-Euh, oui, c`est le quartier ouest de la ville je crois? C`est environ à une quinzaine de minutes de marche, peut-être un peu plus. Tu veux que je t`y conduise?

J`avais dit ça sans réfléchir et à vrai dire, comme je n`avais absolument rien de prévue aujourd`hui, enfin peut-être que oui mais j`avais oublié, cela ne me dérangeait pas du tout de rester avec elle encore un peu. Comme les cuisiniers semblaient être sur le point de nous poignarder avec leurs couteaux de cuisine parce que nous étions toujours dans leurs pattes, j`encourageais Athénaïs à me suivre hors du restaurant. Je remerciais la serveuse qui nous avait accueillit au passage étant donné qu`elle avait été compréhensive. Une fois que nous avions quitté le restaurant, je respirai le bon air chaud et me calmait un peu. J`ignorais depuis combien de temps j`avais quitté mon appartement, mais il faisait beaucoup plus chaud que lorsque j`étais parti de chez moi. Un petit vent venait nous accompagner dans nos mouvements, ce qui atténuait la chaleur mais sans en perdre le bienfait. Ce calme si nouveau en moi ne me dérangeait pas pour le moment, mais je sentais que j`allais m`en vouloir par la suite de ne pas avoir été celui que je prétends être avec Athénaïs. C`était peut-être la gravité et le sérieux de la situation qui m`avait contraint à malgré moi mettre ma folie de côté. J`avais beau me torturer l`esprit avec cette question, comme je devais m`occuper de la jeune femme, je me laissais simplement guider par le présent. Je commençais donc à marcher, beaucoup plus lentement cette fois, à côté de la future mère en regardant tour à tour les nuages, le sol et les pieds d`Athénaïs. Ça me faisait bizarre d`agir en bon grand frère alors que je ne l`avais jamais été avec mon propre frère. Je retins un rire, qui aurait probablement troublé et inquiété la jeune femme à mes côtés. Non, elle ne devait pas voir ce côté de moi, pas en ce moment en tout cas…

Il était gênant pour moi de lui demander de me ramener chez moi, surtout que notre maison n'était pas si proche que cela de là où nous nous trouvions. Je ne voulais pas l'embêter avec ce genre de choses. Surtout qu'il devait certainement avoir pleins d'autres choses à faire plutôt que de s'occuper de moi. Auparavant, je n'avais jamais eu besoin de personne pour m'occuper de moi-même et là je me retrouvais presque à être obligé de la réclamer. Je n'aimais pas cette situation, vraiment pas.
Jamie me proposa de m'y conduire, je le regardais un instant puis lui répondais :

« Ce serait sympa oui parce que je pense avoir du mal à y aller à pieds, surtout dans cette situation. »

C'était plus fort que moi, j'étais obligée d'accepter son aide. Bizarrement je sentais que Jamie se sentait troublé mais je ne pouvais pas l'affirmer, mon don n'était pas encore assez développé pour en être certaine. C'était comme s'il se battait contre lui-même mais le pire c'est que je ne pouvais rien lui demander, cela paraîtrait trop suspect et il viendrait à se poser trop de questions sur moi. Et je n'étais pas là pour que tout le monde apprenne ma nature.
Nous nous dirigeâmes dans plusieurs ruelles pour enfin monter dans la voiture de Jamie. Très vite nous arrivâmes chez moi. Il gara sa voiture près de la maison. Je l'invitais à entrer pour au moins lui offrir un verre. Après tout il s'était embêté pour moi alors qu'il ne me connaissait même pas. Je lui souris et ajouta :

« Je te remercie, c'était vraiment gentil de t'être embêté comme ça pour me ramener chez moi. Tu veux quelque chose à manger ? » proposais-je d'une pierre deux coups.

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