Un matin de plus, une nouvelle journée qui commençait dans cette ville qui, il devait bien l'admettre, lui plaisait de plus en plus. S'il était forcé de la quitter ce ne serait pas sans un petit pincement au coeur, mais sa situation s'améliorant progressivement et il n'avait plus l'impression d'avoir un couteau sous la gorge. Jovani était certain d'avoir rencontré des gens bien, dignes de confiance, il n'en doutait pas une seconde. Les rencontres appelant les rencontres, il se demandait qu'elle genre de personne il allait pouvoir croiser ensuite. Evidemment, il croisait beaucoup d'étudiants et d'étudiantes dans son université, mais l'on ne pouvait pas vraiment parler de rencontres, ils étaient simplement au même endroit, ça s'arrêtait là.
La journée avait bien commencé pour lui, il n'avait pas eu trop de mal à quitter la douce chaleur de son lit, il avait réussi à dompter ses cheveux pourtant peu longs en une coiffure pas trop ridicule, et surtout sa voiture avait démarrée du premier coup, chose exceptionnelle et même signe de bonnes augures. C'est donc en voiture et non à pieds qu'il se rendit à l'université, se garant sur le parking où il trouva une place non loin du bâtiment des arts où il étudiait.
Il était à l'heure et se présenta devant sa salle de cours... pour trouver sur la porte de la salle un mot de son professeur avertissant les élèves qu'il serait absent pour cause d'un problème familial. Le plaignant mentalement et espérant que ce n'était rien de grave, Jovani fut quelque peu déçu malgré tout puisqu'il avait bossé toute la soirée de la veille sur le projet qu'ils avaient à rendre ce matin. Tant pis, il prit la direction des casiers pour y mettre ses travaux et patienterait jusqu'au prochain cours.
Il parait que les choses arrivent lorsque l'on s'y attend le moins, et il était certain que le jeune artiste ne s'attendait pas à faire une rencontre devant les casiers de l'école... Pourtant, il repéra rapidement une jeune fille qui avait du mal à ouvrir son casier, et avant qu'il n'ait pu lui proposer généreusement son aide, elle mit un grand coup de poing sur le métal de la porte de son casier.
*Aoutch...* pensa mentalement le jeune homme.
Ce fut efficace, la porte s'ouvrit, mais au vu de ce qui semblait être un juron prononcé par la demoiselle, les conséquences allaient être douloureuses. Ignorant sa timidité, Jovani s'approcha un peu.

"Est-ce que ça va ?" demanda-t-il timidement.

Réalisant que la demoiselle s'était exprimée dans une langue étrangère, il se demanda un moment si elle allait le comprendre, mais même si elle ne parlait pas un mot d'Anglais elle allait pouvoir devenir facilement ce que lui demandait le jeune homme rien qu'en voyant son expression inquiète.
Prenant le temps de la détailler un peu, il releva un joli teint presque olive, des yeux verts qui devaient probablement en hypnotiser plus d'un, ainsi qu'une longue chevelure brune. au vu de son allure et de son caractère que Jovani jugeait pour l'instant assez vif et affirmé, d'après le peu qu'il en avait vu, il n'aurait pas été surpris d'apprendre qu'elle avait pour origine un pays méditerranéen. Peut-être était-elle italienne, comme la défunte mère du jeune homme ?

"Certains casiers sont un peu durs oui..." admit-il avec un sourire qui n'avait bien sûr rien de moqueur, il était plutôt compatissant. "Il faut appuyer sur la porte, assez fort, pour pouvoir les ouvrir. J'avoue que c'est vicieux." expliqua-t-il, se surprenant à ne plus être aussi renfermé qu'avant depuis ses précédentes rencontres.

La première information qu'eut Jovani c'est que la demioselle l'avait compris, puisqu'elle lui répondait à présent qu'elle allait bien. Elle avait cependant un fort accent, loin d'être désagréable, au contraire, il était même un atout de charme aux yeux de l'artiste, d'autant plus qu'il lui rappelait sa mère. Il le reconnaitrait entre mille, c'était un accent italien. Lui, évidemment, ne possédait aucun accent. Il était né en Amérique et avait grandit avec l'Anglais. A vrai dire, il ne parlait pas un mot d'italien, ce qui ne l'empêchait pas de comprendre quelques bribes de phrases lorsqu'il en attendait.
La jeune fille s'excusa pour avoir frappé si près de quelqu'un sans avoir prit la peine de regarder autour d'elle, mais ce détail passait largement au dessus de la tête du jeune artiste qui se préoccupait si peu de lui-même.

"Ne t'en fais pas, je n'étais pas si près que ça. Et puis tu ne m'as pas touché, alors n'en parlons plus." répondit-il, désirant la mettre à l'aise.

Elle l'écouta lorsqu'il lui expliqua comme ouvrir ces satanés casiers et le remercia. Elle semblait cependant souffrir, et Jovani comprit pourquoi lorsqu'il posa ses yeux sur sa main : elle était bleutée et avait gonflée. Sa timidité n'était plus, il s'approcha un peu plus d'elle et afficha un air inquiet.

"Ta main... Je pense que tu devrais aller à l'infirmerie tu sais, c'est peut-être grave, tu as pu te casser quelque chose..." expliqua-t-il.

Avant qu'elle ne puisse lui répondre, il ajouta, toujours serviable :

"Je t'accompagne si tu veux..."

En effet, il ne savait pas si cette fille était là depuis longtemps ou pas, si elle connaissait les lieux ou les découvrait tout juste. Dans ce dernier cas elle ne savait peut-être pas où était l'infirmerie... Mais lui, d'ailleurs, le savait-il ? Il chercha précipitamment dans son esprit le souvenir d'un plan de l'université et eut quelques souvenirs de l'image. Il allait pouvoir trouver l'infirmerie facilement.